Le sport : nouvelle pilule de l’amour ?

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L’effet du sport sur la sexualité véhicule beaucoup de préjugés. Pour certains, la sexualité interfère avec le sport : il faudrait s’abstenir au lit pour être performant en course à pied. Pour d’autres, être sportif est le gage d’une vie sexuelle plus épanouie car l’activité physique dope les muscles et le mental. Découvrez, études à l’appui, comment 30 minutes de sport peuvent changer votre vie sexuelle.

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En ces temps de sédentarité et d’inactivité, où un nombre croissant d’individus souffre de dysfonctions sexuelles, une étude menée en 2018 en Floride1 souligne l’importance d’une activité physique modérée dans l’amélioration des troubles érectiles. En parallèle, une étude datant de 2017, menée en Caroline du Nord (2), met en garde quant aux dangers d’une pratique sportive chronique intense et trop répétitive (en particulier des sports à haut niveau d’endurance considérés comme des facteurs de complications).

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Alors, faut-il choisir entre activité sportive ou sexuelle ?

C’est ce que nous allons voir.

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Qu’est-ce qu’une vie sexuelle de qualité ?

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Avant de commencer, accordons-nous sur la signification de « qualité de vie sexuelle » ou de « santé sexuelle ».

La santé sexuelle est un état de bien-être physique, mental et social en rapport avec la sexualité. Ce n’est pas simplement l’absence de maladie ou de dysfonction ! Cela sous-entend l’absence de plainte ou de problème sexuel. Parmi les problèmes sexuels, nous pouvons citer les troubles du désir ou de la libido, les troubles de l’excitation, les dysfonctions érectiles, les impossibilités à atteindre l’orgasme ou bien la présence de douleurs durant les rapports. Ces troubles peuvent se manifester à tout âge.

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La santé sexuelle dépend de nombreux paramètres. Si l’âge et les liens sociaux en font partie, l’état psychologique (dépression, stress, estime de soi…) et l’état de santé général (maladies cardiovasculaires, cancer, maladies respiratoires, diabète…) exercent aussi un rôle plus ou moins direct sur la qualité de vie sexuelle. Par exemple, une maladie cardiovasculaire peut influer sur la sexualité de plusieurs façons. Elle peut engendrer une fatigue mais aussi altérer la qualité de l’érection chez un homme.

La qualité de la vie sexuelle peut également être altérée par des toxiques (médicaments, alcool, tabac…). Il faut savoir que les substances nocives contenues dans la fumée de cigarette diminuent le flux sanguin et altèrent aussi la fonction érectile.

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35 % des personnes souffrent de troubles sexuels

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La santé sexuelle ne devrait pas être un tabou tant activité sexuelle et bien-être sont liés. Malheureusement, les troubles sexuels pourraient gêner 40 % des femmes et 30 % des hommes. Chez la femme, le manque de désir (ou le manque de réceptivité au désir sexuel) est le trouble le plus fréquent. Ce manque de désir est souvent multifactoriel. Les causes les plus courantes sont hormonales ou psychologiques, mais cette absence d’envie peut aussi résulter de troubles sexuels du partenaire (troubles de l’érection ou éjaculation précoce, par exemple).

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Chez l’homme, dysfonction érectile, éjaculation précoce et manque de libido sont les trois causes principales.

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Il n’est pas rare que s’entremêlent plusieurs causes à une altération de la qualité de vie sexuelle. C’est pourquoi la prise en charge de ces troubles sexuels doit être globale. Il ne suffit pas d’introduire des médicaments pour résoudre le ou les problèmes, même si un médicament bien connu a révolutionné la prise en charge des troubles sexuels masculins ! La médication doit toujours être réfléchie et adaptée à chaque personne, en parallèle d’un travail sur les causes du blocage.

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Troubles sexuels ?

 

Quatre grandes causes connues

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1.Des dérèglements physiologiques

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Évidemment, une mauvaise santé sexuelle peut être consécutive à un ou des problèmes physiques comme les pathologies cardiovasculaires ou encore le diabète, pouvant altérer la vascularisation des organes génitaux de l’homme, et ainsi la qualité de l’érection. Des modifications hormonales sont également susceptibles de causer divers troubles. La ménopause peut favoriser l’inconfort au moment des rapports (sécheresse vaginale notamment, mais pas uniquement). Chez l’homme, une baisse de la sécrétion de testostérone peut avoir des conséquences telles que fatigue et manque de tonus, diminution du désir sexuel, difficulté à obtenir et maintenir une érection.

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2. Un terrain psychologique favorable

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Les causes psychologiques aux troubles sexuels sont très fréquentes. C’est le cas de la dépression ou de l’anxiété. Il semble aller de soi qu’une personne atteinte de dépression n’ait pas d’envies sexuelles, mais ce n’est pas l’unique raison. Les antidépresseurs, et particulièrement les sérotoninergiques, font souvent chuter la libido. Le manque de confiance en soi peut aussi expliquer une santé sexuelle défaillante.

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3. L’ingestion de toxiques

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En première ligne, on retrouve le tabac et l’alcool qui font des ravages, et pas seulement sur la santé sexuelle. L’alcool à faible dose peut augmenter le désir mais à des doses plus importantes peut avoir l’effet inverse. Les médicaments tels que certains antidépresseurs, anxiolytiques et médicaments utilisés contre la chute des cheveux sont tous à même d’affaiblir la libido. Pareillement, certaines médications sont capables d’affecter la qualité de l’érection, comme plusieurs médicaments à visée cardiovasculaire (notamment les antihypertenseurs) ou certains traitements contre le cancer de la prostate.

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4. Un déséquilibre nutritionnel

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Un déficit énergétique peut aussi fragiliser la vie sexuelle. En effet, un régime restrictif est susceptible d’entraîner un hypogonadisme chez l’homme et une aménorrhée chez la femme, dont les conséquences vont parfois bien plus loin qu’une simple absence de libido. Un régime déséquilibré, incluant un excès de sucres rapides, d’aliments industriels et raffinés, entretient un impact négatif. En contrepartie, on a observé que le régime méditerranéen, privilégiant les bonnes graisses, une part de protéines et des glucides à indice glycémique bas, limite le risque de dysfonction sexuelle.

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Sport et libido : le duo gagnant

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L’activité sportive peut autant impacter la santé sexuelle de façon positive que négative en interférant en particulier avec la sécrétion des hormones sexuelles. La stimulation ou l’inhibition de ces hormones varie selon l’intensité des efforts pratiqués, leur durée, la qualité de l’alimentation, l’activité professionnelle, l’environnement psychologique, mais aussi le patrimoine génétique de chacun… Chez l’homme, la pratique sportive mesurée et régulière peut améliorer la qualité des érections. Chez la femme, il a été prouvé qu’une activité sportive régulière (à raison de 30 minutes 3 fois par semaine) peut améliorer la fonction sexuelle féminine, notamment en cas de troubles suite à la prise d’antidépresseurs. Il semblerait même que la probabilité d’orgasme chez la femme soit majorée dans les trente minutes suivant un effort sportif.

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Enfin, l’un des atouts majeurs du sport sur la sexualité reste son effet anxiolytique et antidépresseur ! En effet, la pratique sportive est connue pour stimuler la production d’endorphines, des hormones euphorisantes, et limiter la sécrétion de cortisol, une hormone du stress.

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En revanche, une activité sportive trop importante (surtout les sports d’endurance) pourrait agir en défaveur de la performance sexuelle. Il a ainsi été démontré que l’exposition à des niveaux de stress intense et chronique est associée à une diminution de la libido(2). C’est encore plus marquant s’il y a un déficit calorique associé, comme dans certaines disciplines telles que le marathon.

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Notons que le sport peut aussi avoir des retombées négatives directes, à court terme. Cela arrive en cas de traumas aigus des organes génitaux ou de micro-traumatismes répétés (frictions sur une selle de vélo mal réglée par exemple).

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Somme toute, le sport est bénéfique dans la plupart des cas ! Seul l’excès risque d’avoir des répercussions indésirables. Et son effet est polyvalent. Le conseil est donc : faites du sport, mais restez raisonnables !

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Cinq mesures simples pour une sexualité au top

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• Arrêtez les toxiques (tabac, alcool, etc.) et faites le tri de vos médicaments avec votre médecin. Bien entendu, on n’arrête pas les médicaments indispensables

• Instaurez un régime de qualité, de type méditerranéen, incluant beaucoup de légumes et de fruits, des oléagineux, du poisson, des légumineuses, des céréales complètes, un peu de fromage, de volaille, des œufs et un peu moins de viande rouge. Bien entendu, on éloigne les sucreries. De même on évite les déficits caloriques prolongés et trop importants.

• Gérez votre stress avec le yoga, la méditation et la pleine conscience qui ont prouvé leur efficacité dans ce contexte. D’autres alternatives peuvent aussi être envisagées (cohérence cardiaque, tai chi). Faites-vous orienter si besoin !

• Pratiquez un sport de façon régulière et raisonnée. Pour cela, choisissez une activité qui vous plaît ! Le sport a un effet bénéfique immédiat tant que la pratique n’est pas excessive. De plus, c’est un formidable antistress : il suffit de 30 minutes 3 fois par semaine pour observer un bénéfice. Mais rien ne vous empêche d’en faire plus ! Il n’y a pas de limite horaire fixe. En revanche, faites attention si vous sentez un effet inverse : c’est que vous allez trop loin ! Rassurez-vous, la marge est plutôt large.

• Entraînez-vous (au lit !). Sachez qu’avoir des rapports réguliers augmente la probabilité d’avoir un orgasme. Pour une sexualité épanouie, rien de tel que la pratique !

 

Sources : 1. An investigation of the relationship between physical fitness, self-concept, and sexual functioning. Lia M. Jiannine. J Educ Health Promot. 2018; 7: 57. Published online 2018 May 3 2. Endurance Exercise Training and Male Sexual Libido. Anthony C Hackney 1, Amy R Lane, Johna Register-Mihalik, Colin B Oʼleary. Department of Exercise and Sport Science, University of North Carolina, Chapel Hill, NC; and Department of Nutrition, Gillings School of Global Public Health, University of North Carolina, Chapel Hill, NC

 

Rédacteur : Dr Fabrice Kuhn Médecin généraliste, diplômé en biologie et en médecine du sport. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la nutrition et l’activité physique.