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Janvier 2020
 
La 5G met-elle notre santé en danger ?
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HAUT DÉBIT – Dans un rapport préliminaire publié lundi, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) déplore le manque d’études scientifiques sur les risques sanitaires liés à l’exposition aux futures fréquences d’ondes électromagnétiques de la 5G. Celle-ci doit être déployée dans les prochains mois en France, mais les inquiétudes demeurent.
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La 5G est lancée en France. Tout du moins les discussions et la procédure d’attribution des fréquences pour le réseau mobile auprès des opérateurs : ceux-ci doivent désormais préparer leurs offres pour acquérir aux enchères les bandes qui serviront ensuite aux utilisateurs. Mais quels sont les risques pour la santé des populations ?

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Dans un rapport préliminaire publié ce lundi, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) note un manque de données scientifiques, voire une absence d’informations, sur les effets de l'exposition à certaines fréquences d'ondes électromagnétiques de la future 5G. Celle-ci s’annonce avec des promesses de débits encore plus rapides que ceux de la 4G actuelle. Elle pourra également transmettre de plus grandes quantités de données et faciliter le développement de nouvelles technologies comme la voiture autonome, la télémédecine, la smart city, le jeu vidéo, la maison ou l’usine connectées

 

Autant de possibilités qui s’accompagnent, dans les esprits, d’encore plus d’ondes dans notre environnement et, potentiellement, de risques supplémentaires pour notre santé. "Ces évolutions technologiques vont modifier les modalités d'exposition de la population, et nécessiteront d'adapter les méthodes de mesure et d'évaluation", explique l'Anses, qui a demandé à des spécialistes en biologie, toxicologie, épidémiologie et biophysique de se pencher sur le sujet pour formaliser son rapport. Celui-ci sera remis au premier trimestre 2021.

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Y aura-t-il davantage de bandes de fréquences ?

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Oui car mettre en place la 5G ne signifie pas que les fréquences utilisées pour la 2G, 3G ou 4G disparaîtront pour autant. Ce sont en fait de nouvelles bandes de fréquences qui vont être ajoutées à la liste. Deux ont d’ores et déjà été identifiées : la bande 3,5 GHz (3,4 - 3,8 GHz) pour la couverture de téléphonie mobile 5G ; la bande 26 GHz (24,25 - 27,5 GHz) pour la communication entre objets connectés dans une même zone géographique de proximité. 

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Y a-t-il des risques avec ces ondes électromagnétiques ?

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Rien n’est prouvé. L’Anses s’inquiète du manque de données scientifiques sur les effets "biologiques et sanitaires potentiels" que représente une exposition aux ondes électromagnétiques. Si les études sont rares et les retours d’expérience quasi inexistants, des rapports sur l’exposition à différents niveaux d’ondes ont permis d’établir des valeurs limites d’exposition pour toutes les fréquences. Mais il faut savoir que, dans nos maisons, des appareils comme un téléviseur, une ampoule, une machine à café ou même des lignes électriques placées juste devant émettent des ondes radios qui sont parfois plus élevées que celles des antennes-relais. Tant que tout reste en-deçà du seuil fixé par l'OMS, il n'y a donc normalement pas de crainte à avoir.

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S’appuyant sur des études menées entre 2009 et 2016 pour des fréquences situées entre 8,3 kHz et 6 GHz, dont la future bande fréquence de la 5G mobile, l’Anses entend "extrapoler" les résultats d’expertises antérieures pour se faire une première idée. Chaque pays est responsable des limites fixées.

Fin 2017, les scientifiques d’une trentaine de pays ont demandé un moratoire sur le déploiement de la 5G afin d’obtenir les résultats des premières études. Mais celles-ci prennent du temps et les autorités n’ont pas l’intention de ralentir la mise en place de la 5G. Des ONG ont également déposé des recours en justice pour faire annuler l’appel à candidatures lancé en décembre pour l’attribution des fréquences.

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Toutes les fréquences 5G présentent-elles le même risque ?

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Les études citées plus haut ont noté que la fréquence 6 GHz était la limite à partir de laquelle les tissus de la peau commençaient à s’échauffer. Avec une bande de 3,5 GHz pour la future 5G mobile, on se rapproche de l’exposition à des fréquences basses comme celle des communications Wifi. "Toutefois, la spécificité des signaux 5G (modulation, puissance) pourrait influencer les niveaux d’exposition", prévient l’Anses. Quant aux fréquences autour de 26 GHz, les études sont plus documentées, mais pas pour autant adaptées à la future situation. Les bandes de fréquence autour des 3,5 GHz peuvent présenter des risques pour les organes tandis que celles à 26 GHz ne pénètrent pas la peau et restent en surface.

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Quelles sont les peurs courantes ?

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Encore plus d’ondes électromagnétiques pour notre corps ! C’est le laïus souvent entendu qui inquiète les Français, la 5G s’accompagnant de l’installation de nouvelles antennes dans notre environnement. En 2011, l’Organisation mondiale de la santé avait classé les rayonnements électromagnétiques parmi les cancérigènes possibles. Les ondes sont suspectées de causer des troubles, tant physiques que psychologiques. Un effet sanitaire qui n’a pas encore été mesuré, faute d’études sur le déploiement de la 5G. Les premières implantations dans le monde sont encore rares et trop récentes pour juger des premières conséquences pour les populations.

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Et pour les enfants ?

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Olivier Merckel, chef de l'unité Agents physiques, nouvelles technologies et grands aménagements à l’Anses, s’est penché sur la question de l’exposition des enfants aux ondes. "Si la 5G a des effets biologiques propres, ce ne sera sans doute pas sur le cerveau, mais bien plutôt sur des tissus de surface : la peau, l'œil ou le tympan", explique-t-il dans son rapport publié fin décembre. Il est difficile, comme pour le reste, de se faire une idée précise par "manque d’études concluantes sur les risques", mais il demande que la question reste "ouverte".

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Plus d'antennes et plus de risques ?

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Les différents opérateurs ont entamé des phases de test dans plusieurs villes pilotes, mais avant tout pour tester les infrastructures. Pour vérifier l’exposition du public aux ondes, l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) a mis en place, fin 2018, des mesures de test pour la bande 3,5 GHz. Mais l’ANFR, comme l’Anses, regrette le manque d’informations fournies par les opérateurs sur l’impact sanitaire, notamment sur le type d’antennes qui seront utilisées ou encore leur puissance. On sait simplement que cela va nécessiter l’installation de dizaines de milliers d’antennes, plus petites que les actuels pylônes, et l’adaptation des plus anciennes. 

Selon les opérateurs, les niveaux seront limités dans l’espace par rapport à la 4G actuelle. Un utilisateur sera de fait soumis à plus de puissance et de débit via son smartphone. Mais la durée d’exposition sera moindre car les quantités seront transmises plus rapidement.

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N’y a-t-il que des risques liés aux ondes de la 5G ?

 

L’Anses va lancer en parallèle d’autres études sur des impacts potentiellement inattendus liés à cette technologie : des effets physiologiques (troubles musculo-squelettiques liés à une moindre activité physique), cognitifs et développementaux sur l’apprentissage des enfants, psychosociaux (relations aux autres).

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