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LA FRANCE,

championne du monde des PESTICIDES

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Troisième utilisateur mondial, la France est championne ès pesticides (insecticides, fongicides, herbicides). On chiffre à environ 100 000 tonnes la consommation de pesticides par dont une bonne moitié de fongicides (lutte contre les moisissures) et un bon tiers d’herbicides. On retrouve des traces de pesticides dans un fruit/légume sur deux. Une enquête européenne, analysant la bagatelle de 60 000 échantillons de fruits et légumes, a mis en évidence la présence de 197 pesticides différents.
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Derrière ces pesticides, ce sont des centaines de substances chimiques, toxiques à divers égards, qui se répandent dans l’environnement et dans l’alimentation. Il faut savoir qu’un même fruit ou légume contient parfois des résidus de plusieurs produits phytosanitaires (jusqu’à huit pesticides). L’Institut français de l’environnement (IFEN) en a détecté des traces dans 90 % des rivières et 60 % des nappes souterraines. Il existe peu de données sur leur concentration dans l’air mais ponctuellement, celle-ci peut être élevée et très nocive (lors de largage aérien de produits, par exemple).
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Les organochlorés

 

Les pesticides les plus courants sont les organochlorés (comme le célèbre DDT, interdit en Europe mais encore utilisé dans le monde), les organophosphorés (très toxiques, accumulation dans les graisses et le foie) et les carbamates (par exemple l’aldicarbe, très soluble). Caractéristique des organochlorés, ils sont très « rémanents », c’est-à-dire qu’ils persistent de nombreuses années dans le sol, dans la chaîne alimentaire et dans les tissus humains (foie, muscles, graisses). Ils se concentrent par exemple dans la chaîne alimentaire des poissons, à partir d’un plancton contaminé.

 

De lourdes suspicions

 

Les molécules à la base des produits phytosanitaires (insecticides, fongicides, herbicides) sont suspectées de perturber le système endocrinien, d’avoir une responsabilité dans la généralisation de certains cancers (gliome, sarcome, cancer de la prostate), de déclencher des pathologies neurodégénératives, d’affaiblir le système immunitaire, de provoquer des problèmes respiratoires, des réactions allergiques (dermites, asthme…), et enfin, une étude menée à Harvard a prouvé que des hommes exposés à certains insecticides (métabolites du chorpyriphos, du carbaryl, du naphtalène) ont vu leur taux de testostérone, et donc leur fertilité, diminuer.

 

Certes, les liens de causalité entre une substance chimique et des affections comme le cancer sont extrêmement difficiles à mettre en évidence. L’effet cumulatif de contacts répétés à faible dose est rarement connu, ni même les effets combinés de ces résidus. La toxicité chronique (par opposition à la toxicité aiguë) est en effet un domaine très complexe, maîtrisé par peu de spécialistes. Il faut vingt à trente ans pour mettre en évidence des effets mutagènes ou cancérigènes, avertissent les spécialistes. Mais aujourd’hui, après trois décennies d’utilisation peu scrupuleuse des phytosanitaires, les éléments à charge semblent s’accumuler.

 

Dose journalière admissible, une pseudo-protection

 

Les partisans du statu quo en matière de pesticides mettent en avant la réglementation très pointilleuse sur les limites maximales de résidus (LMR), liées à la toxicité des produits. Le respect des LMR permet en principe à chaque personne de ne pas dépasser une dose journalière admissible (DJA), au-delà de laquelle les effets toxiques de la substance peuvent se faire sentir. La réglementation en vigueur est loin de représenter une protection absolue, et cela pour deux raisons : primo, un nombre significatif de produits dépasse les seuils plafond (de l’ordre de 7 % des produits répertoriés en France) ; secundo, les multiples pesticides présents dans l’alimentation se combinent et aggravent sans doute les effets d’une exposition chronique des consommateurs.

 

Une sous-estimation de la présence de pesticides dans les aliments

 

En 2012, deux ONG, Générations Futures et Pesticide Action Network (PAN-Europe) ont dénoncé une sous-estimation systématique par les autorités européennes (Direction générale à la Santé du consommateur) de la proportion d’aliments dépassant les fameuses Limites Maximales de Résidus. Les nouveaux contrôles font que le niveau des résidus de pesticides doit être beaucoup plus élevé pour que les fruits et légumes soient considérés comme impropres à la consommation.

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