Électrisez vos cellules !
La découverte de pointe qui régénère vos tissus
Efficace sur de nombreuses pathologies dont les cicatrisations difficiles et les paralysies, la technique du micro‑courant est un véritable espoir pour les accidentés. Partant du principe que nos cellules génèrent naturellement un courant électrique, ce traitement active leur auto-régénération. Non agressif, naturel et sans risques, il est désormais à la portée de tous grâce aux progrès de la technologie.
Interview du Dr Paul Vo Quang Dang, responsable du service de rééducation fonctionnelle du rachis en Ile de France. Il est le spécialiste en France des applications médicales du micro-courant. Après vingt ans de recherche clinique, il a mis au point avec son équipe un programme de micro-courant spécifique, appelé « micro- courant régénératif programmé », grâce auquel il a révolutionné la prise en charge de la cicatrisation difficile et des paralysies périphériques. Nommé au prix Galien en 2017 et en 2018, il poursuit ses travaux de recherche clinique et de développement des micro-courants régénératifs programmés qui seront appliqués dans d’autres domaines de la santé.
Santé Corps Esprit : Qu’est‑ce que le micro‑courant ?
Paul Vo Quang Dang : L’existence d’un micro-courant cellulaire a été mise en évidence par les travaux de deux scientifiques allemands, Erwin Neher et Bert Sakman, dans les années 80. Ces chercheurs ont découvert que les tissus vivants sont animés, activés et régénérés par un courant électrique de très faible intensité. L’impact de leurs travaux a été si important dans le monde médical qu’ils ont reçu le prix Nobel de médecine en 1991. Puis d’autres chercheurs aux États-Unis et en Allemagne ont été plus loin pour comprendre les mécanismes d’action du micro-courant, l’intensité la plus favorable à la régénération cellulaire, les inconvénients, etc. Aujourd’hui on sait que toutes les cellules, même celles que l’on pensait inertes comme celles des végétaux, sont parcourues par un micro- courant. Dans notre corps comme dans la quasi-totalité des organismes vivants, ce micro-courant prend source dans les mitochondries, des organites présents dans chaque cellule. La mitochondrie est une véritable centrale énergétique qui fournit le micro-courant en synthétisant de l’ATP. L’ATP, c’est l’unité universelle de l’énergie électrique cellulaire. Grâce à cette énergie, la cellule va pouvoir effectuer ses différentes tâches : transporter des molécules à l’intérieur de la cellule, effectuer des échanges à travers la membrane cellulaire, recevoir des nutriments, produire des protéines de réparation, des anticorps, dupliquer l’ADN, se multiplier, etc. Cette énergie électrique est la base même de la vie.
Santé Corps Esprit : Sans micro‑courant électrique, la cellule n’a plus d’activité et meurt ?
Paul Vo Quang Dang : Exact. Les différents groupes de chercheurs ont travaillé à déterminer la meilleure intensité de micro-courant capable d’augmenter la production de l’ATP, de stimuler le métabolisme de la cellule et de la régénérer. Ils ont établi que cela se situait précisément aux alentours de 600 à 650 microampères. Si l’on applique une intensité plus élevée, par exemple autour de 1000 microampères, l’effet s’inverse et le métabolisme cellulaire ralentit.Tout cela a été scientifiquement validé et il est prouvé qu’en utilisant ce micro-courant optimisé, on augmente la capacité physiologique des cellules ou des tissus. Des études supplémentaires ont mis en évidence que la stimulation d’une cellule par un micro-courant peut augmenter le niveau de synthèse de l’ATP de 500 %, avec toutes les répercussions favorables que cela peut avoir sur les fonctions du corps.
Santé Corps Esprit : Depuis quand utilisez‑ vous le micro‑courant pour soigner vos patients ?
Paul Vo Quang Dang : Le micro-courant est une méthode de traitement sûre, sans danger. Je me suis formé en médecine et j’ai longtemps travaillé au CHU Lariboisière St-Louis-Paris, spécialisé en dermatologie et dans ce domaine. Cela fait déjà vingt ans qu’on s’intéresse au micro-courant dans le but de stimuler la réparation des tissus endommagés. D’autres équipes travaillent aussi sur le micro-courant, mais nous sommes sans doute parmi les plus avancées.
Nous avons mis au point le micro-courant régénératif programmé. Les résultats sont incroyables. Les ulcères variqueux, par exemple, sont causés par un déficit de la circulation veineuse et lymphatique dans les jambes. Quand ils se forment, la cicatrisation de la plaie est très longue, de six à sept mois, ce qui oblige parfois certains patients à passer la moitié de l’année dans les hôpitaux ! Cela peut être très douloureux et les patients concernés peuvent perdre en autonomie. Nous avons aussi des cas de patients amputés, comme dans les complications du diabète par exemple. Le sang ne parvient pas correctement jusqu’au niveau de l’amputation, ce qui signifie que la cicatrisation ne peut pas se faire correctement. Le problème, c’est qu’il est impossible d’appareiller tant que ça ne cicatrise pas et cela a des conséquences énormes sur la qualité de vie des patients. Dans ce contexte, nous avons examiné tous les moyens possibles permettant d’activer la cicatrisation. Beaucoup d’études britanniques rapportaient que le micro-courant était efficace dans la cicatrisation. A partir de l’an 2000, nous avons donc commencé à utiliser le micro-courant pour accélérer la cicatrisation des plaies atones ou difficiles. Nous avons découvert que l’œdème inflammatoire qui se forme autour de la plaie serait un des facteurs majeurs de blocage de la régénération tissulaire, et donc de la cicatrisation. Et découvert que le micro -courant régénératif programmé serait particulièrement efficace pour lever cet œdème. Le mécanisme se ferait par une activation de la circulation sanguine locale et l’élimination des débris qui encombrent la plaie, point de départ de la cicatrisation.
Nous avons maintenant traité une centaine de cas et nous sommes en mesure d’affirmer que le micro-courant régénératif programmé donne des résultats satisfaisants et constants. Au lieu des six ou sept mois nécessaires pour la cicatrisation d’un ulcère variqueux, la réparation des tissus est comme accélérée, si bien que deux à trois semaines sont souvent suffisantes. Nous devinons l’économie de temps, de frais et de souffrance générée par cette découverte.
Santé Corps Esprit : Quelles sont les autres indications du micro‑courant régénératif programmé ?
Paul Vo Quang Dang : L’autre domaine prometteur est la restauration des fonctions des nerfs paralysés. Une paralysie périphérique survient souvent après un traumatisme (chute, accident de la voie publique). Si, lors d’un accident, vous vous fracturez un membre, le plus souvent vous allez développer immédiatement après ce qu’on appelle une paralysie distale, du pied ou de la main par exemple.
On pourrait croire que le nerf qui commande la main ou le pied a été sectionné lors de l’accident mais c’est rare. La plupart du temps le nerf est intact ou partiellement lésé mais il ne fonctionne plus car il se trouve à proximité de la zone du traumatisme qui saigne, qui s’enflamme et qui gonfle, etc. Et c’est cet œdème hémorragique qui comprime le nerf et serait responsable de sa paralysie. Le temps de récupération est alors généralement très long, il peut durer jusqu’à deux ans, or au-delà de deux ans, la paralysie est considérée comme définitive.
A ce stade, nous n’avons pas de traitement médical contre la paralysie. Plus la récupération de paralysie tarde, plus les séquelles motrices sont importantes. J’ai eu le cas d’une patiente qui s’était fracturé le bras et qui, dans le même temps, a perdu l’usage de sa main. Quand elle est venue nous voir, cela faisait déjà un an que sa main droite était paralysée et que la rééducation fonctionnelle n’avait pas donné les résultats escomptés. Elle devait se débrouiller seule pour s’habiller, pour manger, pour se laver, etc. avec une seule main. On ne devine pas la gêne engendrée, mais une paralysie entraîne beaucoup de complications au quotidien. Cette patiente vivait seule au début, elle a par la suite eu des aides à domicile mais elles n’ont pas duré. C’est comme cela que, depuis un an, elle ne mangeait quasiment que du steak haché car c’était la seule chose qu’elle pouvait couper facilement.
Dans ce cas précis, la fracture de l’humérus avait entraîné un œdème hémorragique important au niveau du bras, lequel serait responsable de la paralysie du nerf radial, donc de la main. Nous avons envisagé que la levée de cet œdème permettrait la récupération motrice de la main… et nous avons eu raison car, après deux mois de stimulation par le micro-courant régénératif programmé du nerf paralysé, celui-ci a repris son fonctionnement et la patiente a ainsi récupéré à peu près 90 % de la mobilité de sa main droite et, surtout, sa fonctionnalité. Elle peut désormais couper sa viande sans problème.
C’est un exemple parmi beaucoup d’autres. En levant un œdème hémorragique, nous pouvons obtenir également de bons résultats pour récupérer les fonctions de la vessie après une fracture du bassin. Quand le nerf de commande de la vessie se trouve comprimé par un œdème, il peut arriver qu’il cesse de fonctionner et il faut alors poser une sonde permanente. Ce type de paralysie vésicale concerne souvent les motards accidentés (des personnes jeunes qui ont 25 ou 30 ans) ou parfois des personnes qui chutent des étages et qui ont le bassin fracturé. Une fois que ces patients sont sur le point de sortir de l’hôpital, leur grande préoccupation, c’est de récupérer le contrôle de la vessie. A leur âge, porter des protections, c’est impensable. Certains disent qu’ils aimeraient mieux être amputés que d’être obligés de mettre des protections. C’est la même chose pour la fonction érectile, il faut arriver à rétablir cette fonction à ces jeunes patients, sinon c’est un drame pour eux. Là aussi, le micro-courant régénératif programmé a permis de relancer cette fonctionnalité chez ces patients. Dans la plupart des cas, les résultats même partiels sont plutôt satisfaisants. Des séquelles persistent néanmoins et il nous faut encore beaucoup de travail.
« Le micro courant stimule la réparation des tissus endommagés et favorise la cicatrisation. »
Dans ces différentes paralysies partielles périphériques, le fait d’avoir pu identifier l’œdème hémorragique comme mécanisme de blocage de la reprise de la fonctionnalité du nerf paralysé nous a fait faire un bond en avant dans la recherche clinique. Nous avons obtenu beaucoup plus de résultats dans les trois dernières années que les dix-sept années précédentes.
Santé Corps Esprit : En pratique, comment appliquez-vous le micro‑courant ?
Paul Vo Quang Dang : Il y a un consensus de médecins, de scientifiques, d’économistes, de sociologues, etc. qui prévoient que la médecine du futur devra être ambulatoire, personnalisée et connectée. Nous avons donc miniaturisé des dispositifs médicaux de plus en plus portables et automatisés. En ce qui concerne le traitement, il suffit de poser des électrodes sur les zones à traiter et c’est tout, le dispositif médical va délivrer le programme de traitement pour lever l’œdème qui fait blocage au rétablissement de la fonctionnalité du nerf paralysé. C’est complètement sûr et indolore, il y a une bonne adhérence des patients au protocole de traitement.
Dans mon service, bien que nous soyons encore au stade du concept, aujourd’hui c’est presque de la routine : nous formons nos infirmières et nos kinésithérapeutes à la technique du micro-courant régénératif programmé ; et je peux vous assurer qu’une fois que les patients ont commencé, ils ne vous lâchent plus jusqu’à ce qu’ils retrouvent leurs fonctions perdues ! Il faut préciser qu’il n’y a pas de contre-indication, la seule précaution étant de vérifier que le patient n’est pas équipé d’un autre appareil électronique intracorporel, comme un pacemaker, pour éviter les interférences.
Nous avons aussi effectué des tests en laboratoire et nous avons vu que les médicaments et le micro courant forment une synergie encourageante.
La particularité de mon équipe, c’est que nous travaillons à la fois sur la recherche médicale et la mise au point de nos propres dispositifs médicaux adaptés, ce qui nous permet de mettre réellement la technologie au service de la médecine. Nous en sommes actuellement à la première génération de ces dispositifs médicaux miniaturisés qui ont démontré leur efficacité. Une deuxième génération va bientôt arriver : ils seront connectés Bluetooth, Wifi. Il suffira de pianoter sur son téléphone portable pour choisir le programme recommandé par le médecin ou le professionnel de santé, avec l’intensité adéquate, la durée de traitement, etc. Nous faisons tout pour que ce soit très facile à utiliser. De ce fait, ils offriraient beaucoup plus de possibilités de traitement, notamment pour des situations extrêmes et isolées (expéditions en forêt profonde, en montagne, voyages interplanétaires…).
Santé Corps Esprit : Peut‑on utiliser le micro‑ courant en toute autonomie ?
Paul Vo Quang Dang : C’est notre objectif. Les fuites urinaires, par exemple, concernent de très nombreuses femmes d’un certain âge ; en France c’est deux millions de personnes. Si l’on prend les accidentés de la route et les pertes d’usage des membres, nous avons 3000 nouveaux cas par an sur un bassin de 15 000 cas existants. Aucun médecin, aucun service hospitalier ne peut répondre à toutes ces demandes. C’est pour cela qu’il est indispensable, lorsque le risque vital n’existe pas, que chacun puisse être autonome avec son traitement personnalisé. Ces programmes de traitement sont sûrs, efficaces et économes et ils répondent à l’évolution de la médecine moderne.
A terme, nous allons publier nos résultats et, je l’espère, faire valider nos traitements, ce qui va aussi permettre de réaliser des économies. Rappelons qu’au cours des six mois de cicatrisation ou des deux ans de paralysie, il y a des mois d’hospitalisation et de traitements médicaux coûteux ; cela comprend aussi une mobilisation quotidienne du personnel médical et soignant sur de longues périodes alors que les ressources humaines manquent dans les hôpitaux.
Santé Corps Esprit : Le micro‑courant fait aussi des merveilles dans l’es‑ thétique ?
Paul Vo Quang Dang : Oui, on a découvert que des patients traités pour une paralysie faciale, assez rapidement avaient une mine radieuse et une qualité de peau parfaite, retendue, lissée, leur donnant un air incroyablement plus jeune. Ces effets d’embellissement de la peau et du rajeunissement étaient en bonus. C’est la transposition de ce que nous avons découvert dans le domaine de la santé publique et du bien-être.
Cette biotechnologie permet de prévenir et retarder les signes de l’âge en améliorant naturellement la vascularisation locale, la qualité de la peau, et reconstruit les fibres de collagène et d’élastine, ce qui redonne de la densité au tissu cutané. Cela se décline aussi pour un ensemble de soins de confort que l’on peut se faire soi-même à domicile, pour les fuites urinaires, pour soulager des douleurs des œdèmes ou des hématomes, améliorer la circulation veineuse des jambes, soulager des douleurs musculaires, les torticolis ou les douleurs lombaires etc.
Santé Corps Esprit : Quels sont vos axes de recherches aujourd’hui ?
Paul Vo Quang Dang : Malgré les vingt ans de recherche clinique, nous ne sommes qu’au début de l’ère médicale du micro-courant et surtout du micro-courant régénératif programmé. Les domaines d’applications sont très larges : médicales, santé, sport, vétérinaire. Sur le plan médical, l’étape suivante immédiate serait l’application dans les paraplégies.
Des indices nous révèlent que, là aussi, ce serait du domaine du possible, mais l’axe majeur de la recherche clinique serait de déterminer la signature micro-électrique spécifique de chaque tissu afin d’expliquer :
● Pourquoi un tissu a la capacité de se réparer et pourquoi un autre ne l’a pas,
● Pourquoi il y a différentes performances physiques entre un mammifère domestique et un sauvage…
C’est une voie de recherche extrêmement passionnante et prometteuse pour les cinq ans à venir. Par ailleurs, il faut aussi mettre au point de nouveaux appareils biotechnologiques. Ils intégreront de nouveaux programmes de micro-courant régénératif. Actuellement, on dispose déjà de quatre programmes (régénération cellulaire, antigraisse, antidouleur, anti-œdème). Mais la recherche clinique est longue et elle a un coût. Toutes les recherches que nous avons effectuées jusqu’à présent ont été financées avec des fonds privés, notamment par la société française qui développe et commercialise les dispositifs pour le grand public. Elle reverse 15 % de son chiffre d’affaires à la recherche. J’ai tenté de demander des fonds publics mais c’est difficile, et pour le moment je me heurte à une certaine incompréhension de la part des décideurs. Ils ne voient sans doute pas le potentiel énorme que représente le micro-courant régénératif programmé pour la médecine du futur.
Malgré tout, au début de la recherche, il y a vingt ans, personne ne parlait du micro-courant et depuis deux ou trois ans, je vois et je lis de plus en plus de communications sur le sujet et cela dans des domaines très pointus, surtout de la paraplégie ou de la tétraplégie.
J’en suis extrêmement heureux.
Propos recueillis par Annie Casamayou (Naturopathe, pour Santé Corps Esprit, juillet 2020)